Tout comme la Game Boy il y a quelques mois, la Lynx d’Atari vient de fêter ses 25 ans, la sortie nord-américaine datant du 11 octobre 1989. Même si sa carrière se solda manifestement par un échec commercial, particulièrement si on la compare à celle de la portable de Nintendo, c’est une console qui ne manque pas d’intérêt et qui méritait une petite image en pixel art pour fêter son quart de siècle.
D’une part son développement fut assez rocambolesque. La console ne fut pas conçue en interne par Atari, mais achetée à une entreprise tierce, Epyx. Basé en Californie comme Atari, Epyx est un éditeur de jeu à succès dans les années 80, à l’origine de hits comme California Games, et producteur d’accessoires à l’occasion, comme le fameux joystick Epyx 500XJ, quasiment indestructible. En 1986 et 1987, une petite équipe constituée principalement d’ex- ingénieurs de chez Amiga travaille sur un prototype de console portable dénommée Handy. La machine est présentée dans sa forme finale en janvier 1989, mais Epyx réalisent qu’ils ne sont pas financièrement en mesure de produire et commercialiser la console. Un accord est rapidement trouvé avec Atari qui y apporte quelques modifications minimes, la renomme Lynx et la commercialise à partir d’octobre 1989. La console se vend bien en début de carrière mais rapidement le succès phénoménal de la Game Boy se fait sentir et le lancement de la Game Gear de Sega en 1991 complique encore un peu les choses. Malgré un nouveau modèle bien supérieur, la Lynx 2, les ventes ne décollent pas et la production s’arrête en 1995. Rideau.
Techniquement la Lynx était phénoménale pour l’époque, en avance d’une génération par rapport à la Gameboy ou la Game Gear : résolution de 160×102 en 16 couleurs parmi une palette de 4096, puce 16 bit qui gère les sprites (redimensionnement et distorsion à la volée), co-processeur mathématique, etc. Il suffit de voir des jeux comme Blue Lightning ou le prototype de Alien vs Predator pour réaliser le fossé qui existe avec les autres consoles portables (ou même de salon) de l’époque. Cela n’a néanmoins pas suffi à convaincre les consommateurs face à l’autonomie de la Game Boy et ses killer apps (Tetris !). Pour la petite histoire, le kit de développement de la Lynx était, du fait de ses origines, basé sur un ordinateur Amiga, ce qui est assez ironique pour une console Atari !
La console connaît toujours un peu d’activité en homebrew, dont quelques titres ambitieux comme Zaku, Luchsenstein 3D (port de Wolfenstein 3D) ou Hack Slash Loot, actuellement en développement (le blog du développeur contient d’ailleurs d’excellentes ressources pour qui s’intéresse à la programmation de la Lynx). Niveau démoscène c’est très calme, ce qui est un peu dommage vu les capacités techniques de la Lynx.
12 octobre 2014 à 12:38
Article très intéressant. J’avoue m’être « débarrassé » de ma Lynx2 ya pas longtemps (comprends, je l’ai vendue à un amateur de bonnes consoles) et rien qu’un jeu comme Shadow of the Beast démontrait (mais ce n’était pas le seul) que la bête en avait dans le ventre ! D’ailleurs la version Lynx de SOTB était en tout point supérieure à la version Atari et même + jouable que la version Amiga. En tout cas la Lynx est une console géniale qui ne méritait pas ce manque de succès, contrairement à la Jaguar qui fait office de vilain matou par comparaison 😉
12 octobre 2014 à 15:32
Effectivement la version Lynx de Shadow of the Beast dépote pas mal aussi.
Sinon, oui, la supériorité technologique de la Jaguar sur ses concurrentes de l’époque est plus discutable 😉
23 novembre 2014 à 02:14
J’y ai surtout joué en demonstration dans un magasin, California Games notamment. Ca avait l’air très technique tout ça.
27 novembre 2014 à 23:26
Bonne mémoire, ça doit bien remonter à plus de vingt ans tout ça… En Europe, la Lynx était beaucoup vendue en bundle avec California Games il me semble, même s’il y a eu un pack Batman vers la fin.
28 février 2015 à 20:59
Que de souvenir… J’ai encore mes lynx 1 et 2 qui marchent, avec une 10aine de jeux :)…
J’ai acheté la console en voyant Blue Lighting… quelle claque a l’époque (pour une portable, mais meme, difficile de trouver aussi bien sur ordi ou consoles lors de sa sortie).
Avec 32 couleurs au lieux de 16, la console aurait dépoté, car le SotB, meme si plus jouable que la version amiga, et plus fluide que la version ST, reste quand meme moins beau que son model…
Je crois qu’il manquait surtout un soutien d’un gros de l’époque comme EA, Ocean, Infogrames… ou de devs Japonais. Avec quasi seulement Atari comme soutient, la console n’a jamais pu attirer l’oeil du grand public.
28 février 2015 à 22:03
Je dois aussi avoir à peu près le même nombre de jeux à présent.
Tu as tout à fait raison à propos du manque de soutien des gros éditeurs à l’époque, Atari n’a pas su/pu les convaincre. Avec comme résultat la plupart des jeux qui furent basés sur des licences Atari pas toujours très connues en Europe et je suppose encore moins au Japon, souvent dans un style similaire. Quelques titres clés comme Sensible Soccer, Vroom ou Dungeon Master n’auraient sûrement pas fait de mal 🙂