En 2007, Infinite Interactive prit tout le monde par surprise en sortant un jeu qui deviendra un énorme hit : Puzzle Quest: Challenge of the Warlords, premier titre à proposer un croisement réussi mais a priori contre-nature entre un match-3 et un RPG. D’abord sorti simultanément sur Nintendo DS et Sony PSP, le jeu est rapidement porté sur Xbox Live Arcade, Wii, Windows, PS2, puis finalement sur mobile, PS3 et iPhone en 2008. La version DS est un petit bijou et reste l’un de mes jeux préférés de la console.
À l’origine spécialisée dans les RPG purs et durs, le studio australien fondé par Steve Fawkner va rapidement se spécialiser dans les puzzles-RPG suite au jackpot de Puzzle Quest. Cinq jeux construits autour du même gameplay verront le jour, sans qu’aucun n’atteigne le succès de l’original. En 2009 Infinite Interactive est racheté par Firemint, un autre studio australien (Flight Control, Real Racing), qui tombe lui-même dans l’escarcelle d’EA l’année suivante. Suite à ce dernier rachat, Steve Fawkner reprend son indépendance de manière plus ou moins volontaire, malheureusement sans les droits de Puzzle Quest. Il re-fonde Infinite Interactive dans la foulée, renommé Infinity Plus 2.
Retour en 2014 : Infinity Plus 2, épaulé par 505 Games, vient de dévoiler Gems of War sur iPad, Steam et bientôt sur Android. Le jeu est évidemment très inspiré par Puzzle Quest, mais époque oblige, est un titre free-to-play… mais il s’en accommode pas si mal. Comme son illustre aïeul, le cœur du gameplay consiste à aligner 3 pièces ou plus de couleur identique pour battre les ennemis que le jeu mettra en travers de votre route. En parallèle, le héros développe ses compétences, obtient de nouvelles armes et recrute des compagnons de route, le tout avec une histoire à la sauce heroic-fantasy en toile de fond. La grosse nouveauté est l’ajout de cartes à collectionner qui représentent les unités alliées que le joueur peut emmener avec lui.
Le jeu fonctionne bien et le mélange match-3/RPG est toujours aussi efficace. Les alliés, couplés aux nombreuses armes que le héros peut débloquer, ajoutent une couche de stratégie plus accessible que celle de Puzzle Quest et constituer un deck bien équilibré et adapté aux ennemis affrontés sera vite primordial. Visuellement le jeu est de bonne qualité même si tout n’est pas toujours très cohérent.
Le jeu n’est pas monétisé de manière agressive pour l’instant et il semble possible d’y jouer dans de bonnes conditions sans bourse délier. Pas de jauge d’énergie ici, mais l’or, distribué par ailleurs assez généreusement, joue un peu le même rôle puisque chaque combat en consomme un peu. Les in-app purchases permettent d’acquérir des diamants qui servent à acheter de l’or, des clés pour ouvrir les coffres « luxe » contenant des cartes à collectionner (même si on peut accéder aux coffres de base avec de l’or uniquement) et des costumes à l’intérêt purement esthétique.
Le jeu est en fait toujours en phase de test à grande échelle et on peut s’attendre à ce que certaines choses soient amenées à évoluer. À l’heure actuelle, les plus gros problèmes à mes yeux sont des chargements trop fréquents (quasiment pour chaque menu !) et l’intégration un peu forcée d’éléments de free-to-play assez grossiers. Par exemple, malgré l’ambiance générale du jeu assez sombre, gagner un combat débouche sur une petite animation un peu niaise avec trompettes, drapeaux, feux d’artifice et foule en délire qui ne déparerait pas dans Farmville. Le mécanisme de daily bonus rappelle également les social games d’il y a quelques années.
Espérons que ces petits soucis ne soient que temporaires et que le papa de Puzzle Quest parvienne à trouver le bon équilibre entre ses ambitions créatives et ses contraintes économiques. Mais même dans l’état actuel, le jeu mérite largement le détour.