J’ai eu la chance de pouvoir passer quelques jours dans la région de la baie de San Francisco (Bay Area) en début d’année pour raisons professionnelles. La ville fonctionne de manière assez symbiotique avec sa vaste agglomération (dont la Silicon Valley au sud), mais le contraste entre les deux est saisissant.
San Francisco est une ville compacte du fait de sa situation géographique sur une péninsule. Il en résulte une urbanisation particulièrement dense horizontalement, caractéristique assez peu commune sur la côte ouest qui explique aussi les prix délirants de l’immobilier, même si le reste de la région n’est pas forcément mieux loti. La ville a une histoire relativement ancienne pour les États-Unis et a déjà su se réinventer plusieurs fois. Par exemple, le port de San Francisco était au début du vingtième siècle l’un des tout premiers des États-Unis, mais ratera complètement le passage au container dans les années 1960. Le port ne s’en remettra jamais et n’est aujourd’hui quasiment plus utilisé pour le transport de marchandises (pour les fétichistes du container comme moi, je recommande ce livre sur le sujet). Les anciennes friches sont maintenant devenus l’Embarcadero et le Fisherman Wharf, lieux parmi les plus touristiques de San Francisco avec leurs nuées de restaurants et magasins de souvenirs.
Cisco Heat par Jaleco, en fait pas une représentation si fidèle de la ville…
On y trouve également le curieusement nommé Musée Mécanique, énorme collection de jeux d’arcade et de fête foraine aux entrailles aussi bien mécaniques et électromécaniques qu’électroniques. On y trouve des machines conçues tout au long du vingtième siècle, toutes en bon état et jouables contre un ou deux quarters : curiosités de foire, peepshows, flippers, air hockey mais aussi nombre de bornes d’arcade originaires de la région et que pour beaucoup je n’avais jamais vues en vrai : Battlezone, Robotron 2084, Sprint 2 de Kee Games (entreprise fantoche montée de toute pièce par Atari et dirigée par le voisin de Nolan Bushnell pour simuler un peu de concurrence sur le marché du jeu d’arcade !), Pole Position, Star Wars…
A quelques encablures au nord se trouvent deux symboles de la ville que tout le monde connait : le Golden Gate et la prison d’Alcatraz.
Au delà des limites de la ville au sud, la Silicon Valley dispose d’un palmarès et d’une mythologie inégalés en tant que lieu de naissance et de disparition, d’alliance et d’empoignade de tant d’entreprises qui depuis presque 50 ans ont eu un impact majeur sur notre vie quotidienne et professionnelle : Apple et Google bien sûr, mais aussi Intel, Hewlett Packard, Facebook, Whatsapp et quelques décennies auparavant Silicon Graphics, Atari, Amiga Corporation… Cette partie de l’agglomération est une immense étendue mi-banlieue résidentielle mi-business park, un patchwork d’autoroutes urbaines et de parkings démesurés conçu pour la voiture avant tout et où les piétons et les transports en commun sont tout juste tolérés.
Séquence historico-technico-nostalgique
Au cœur de la Silicon Valley se trouve Sunnyvale, ville qui est aujourd’hui le siège de nombre de sociétés technologiques dont AMD, Yahoo ou Juniper Networks. Surtout, pour moi le nom est aussi indissociable d’Atari que Cupertino d’Apple ou Redmond de Microsoft puisque c’est là que le pionnier du jeu vidéo fut basé durant toute la durée de son existence, hormis les toutes premières années à Santa Clara. Ne reculant devant aucun sacrifice (c’est ça, le journalisme total), j’ai pu passer faire un tour sur Borregas Avenue, en particulier devant le numéro 1265, siège d’Atari période Nolan Bushnell de 1976 à 1984 et le numéro 1196, presque en face, son pendant pendant l’ère Tramiel de 1984 à 1996. Les deux bâtiments sont toujours là, bien entretenus. Le 1265 est même vide et à la recherche de nouveaux locataires. Avis aux amateurs !
Autre curiosité à Sunnyvale à quelques centaines de mètres de Borregas Avenue, dans un bâtiment qui dans une vie antérieure fut utilisé par Atari pour stocker ses bornes d’arcade : Weird Stuff, énorme entrepôt de produits et pièces détachées électroniques et informatiques, nourri par les faillites de start-ups locales malchanceuses. Si on reste dubitatif à propos d’une grande partie du stock qui ne trouvera jamais preneur (modems 56k, vieux claviers…), on peut y trouver quelques raretés comme ces Silicon Graphics, Rolls de la station de travail pour le graphisme il y a 20 ans et coûtant jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de dollars, aujourd’hui disponibles pour 50 dollars.
1 mai 2015 à 21:04
J’aimerai bien une station, moi aussi. C’est juste un peu gros.
2 mai 2015 à 10:24
Sans compter qu’on doit disposer de plus de puissance de calcul dans le moindre de ces PC récents qui tiennent dans une clé USB 😉
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