16 Couleurs

16 Couleurs – graphisme & jeu vidéo


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Jeu : Q*Bert (Android/iOS)

Q*Bert est l’un des jeux d’arcade des années 1980 les plus emblématiques grâce à ses décors et ses personnages très distinctifs. Conçu en 1982 par Warren Davis et Jeff Lee chez Gottlieb (le célèbre constructeur de flippers, qui avait à cette époque une branche dédiée au jeu vidéo), le jeu fut selon la légende inspiré par les images surréalistes de M.C. Escher. Outre cette pyramide de cubes isométriques plutôt novatrice, le titre proposait aussi de la synthèse vocale. Enfin presque, puisque aussi bien Q*Bert que les ennemis ne s’expriment qu’avec un charabia incompréhensible. Pour l’anecdote, si Q*Bert dispose d’une sorte de trompe, c’est qu’il était initialement prévu qu’elle lui permette de lancer des projectiles, mais la fonctionnalité fut supprimée durant le développement.

Gros succès des salles d’arcade, le jeu a évidemment connu une déclinaison sur tous les supports alors présents sur le marché, mais il n’aura en définitive connu que peu de suites après ce premier opus : Q*Bert Qubes en 1983, Q*Bert 3 en 1992 sur Super Nintendo, et en 1999 le traditionnel passage en 3D sur Dreamcast et Playstation, avec une version Game Boy Color en 2D pour faire bonne mesure. Le pauvre Q*Bert a ensuite connu une vraie traversée du désert jusqu’à un reboot (intelligemment appelé Q*Bert Rebooted) sur console et mobile en 2014. Si Sony (détenteur de la license suite à son rachat de Colombia – qui détenait Gottlieb) a décidé de sortir Q*Bert du placard à ce moment là, c’est probablement dû à son apparition dans le gros succès de Disney lors des fêtes en fin d’année de 2012 : le film Wreck-It Ralph (Les Mondes de Ralph en France)

Fin 2018, Disney remet le couvert avec Ralph Breaks the Internet (Ralph 2.0 en France) dans lequel Q*Bert devait être de nouveau de la partie, même si la scène fut en définitive coupée de la version finale (elle semble être disponible sur la version Blu-ray). La simple perspective de l’apparition de Q*Bert dans un nouveau blockbuster a dû suffire à décider Sony à financer un nouveau jeu, qui déboule sur le marché mi-2019.

Simplement appelé Q*Bert, le jeu est une excellente surprise, à la fois respectueux de la licence et résolument moderne. Le développement fut confié à Lucky Kat, un petit studio indépendant basé à La Hague aux Pays-Bas et spécialisé dans les jeux pour mobile. Le titre reprend le principe de son ancêtre de 1982 : il s’agit de colorer tous les cubes à l’écran en évitant les ennemis, et c’est tout. On dirige le petit extra-terrestre en glissant simplement son doigt dans la direction désirée, ce qui est à la fois intuitif et plus pratique que sur console ou ordinateur où il y a toujours une petite confusion entre l’orientation isométrique du jeu et des boutons qui sont eux orthogonaux. Le jeu fait également fi de certains points de contention du jeu d’origine, comme le fait de pouvoir chuter en dehors de l’aire de jeu. Il en résulte un jeu moins frustrant et beaucoup plus facile d’accès.

Visuellement, le jeu propose des graphismes en pixel art du meilleur goût, modernes et très lisibles. Le contenu est honnête avec plus de 100 niveaux et une cinquantaine de personnages à débloquer. Chaque niveau ne dure qu’une ou deux minutes, ce qui en fait un jeu est idéal pour jouer à petite dose. On peut juste regretter que les niveaux les plus intéressants semblent arriver un peu tard dans le jeu et que les combats contre les boss soient un peu plan-plan et surtout quasi-identiques à chaque fois.

Comme beaucoup de jeux gratuits sur mobile, Q*Bert impose un nombre de publicités à la limite du supportable mais les supprimer ne coûte que quelques euros, ce qui est plutôt raisonnable en échange de quelques heures de jeu. En fait, je préfère voir le deal comme ceci : le jeu tel qu’il est prévu pour être apprécié est en réalité un produit premium, et le jeu tel qu’il est initialement installé est juste une démo, volontairement limitée par la présence de publicités.

Q*Bert sur Google Play et Apple App Store

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Mon top de jeux mobile pour 2020

Comme je l’avais fait l’année dernière, voici un petit billet sur les jeux mobile, gratuits ou payants, qui ont retenu mon attention cette année. Je ne me suis pas limité aux jeux sortis dans l’année, bien au contraire, puisqu’il faut profiter de la disponibilité de plus de dix ans de jeu sur smartphones les rares fois où c’est possible. Je joue sur Android mais sauf erreur tous ces jeux sont également disponibles sur iOS.

Among Us

À moins de vivre sur une île déserte, difficile d’être passé à côté du phénomène Among Us cette année avec plus de 500 millions de téléchargements lors des douze derniers mois. Le jeu a en fait vu le jour en 2018 et est resté relativement confidentiel jusqu’à cet été où des streamers populaires l’ont découvert et popularisé. Among Us est en fait une sorte de Cluedo modernisé, où 10 joueurs se retrouvent dans un vaisseau spatial avec parmi eux un ou deux imposteurs, qui vont progressivement tenter d’éliminer toute l’équipe sans se faire surprendre. La qualité des parties dépend principalement des autres joueurs, et s’il faut bien admettre que c’est assez aléatoire lors des parties publiques accessibles à tout un chacun (la faute à des joueurs probablement jeunes qui quittent en cours de partie ou jouent en dépit du bon sens). Avec des joueurs plus respectueux comme lors de parties que j’ai eu la chance de faire avec des collègues, le jeu prend un tout autre intérêt. À noter qu’Among Us est également disponible sur PC et consoles.

Among Us sur Google Play


Archero

Archero est un cas d’école de jeu qui marie un gameplay très casual avec un metagame beaucoup plus mid-core. À la base il s’agit de faire progresser un petit archer à travers de niveaux remplis d’ennemis. Se rajoute à cela une surcouche de paramètres inspirés à la fois des rogue-likes (avec des améliorations à choisir qui ne sont valables que pour la partie en court) et des RPG (avec des améliorations et équipements qui sont permanentes). La prise en main est extrêmement simple puisque qu’on ne s’occupe que de des déplacements, les tirs étant automatiques dès que le personnage est à l’arrêt et toujours en direction de l’ennemi le plus proche. Un jeu très accessible mais beaucoup plus profond qu’il n’y paraît initialement.

Archero sur Google Play


Treasures of Montezuma 3

Difficile de faire plus casual qu’un bon vieux match-3 ! Sorti en 2012, le troisième opus de la série (cinq titres à ce jour) est une antiquité sur mobile mais aussi un des derniers représentants sur Android d’un genre qui disparaît peu à peu : le match-3 premium. Les jeux de puzzles sur mobile ont tellement été associés au free-to-play et leurs règles adaptées en conséquence que jouer à un match-3 sans tout ce bagage est très rafraîchissant puisqu’on peut se concentrer sur le cœur du jeu sans jamais avoir à se soucier de vies ou de bonus à acheter en début de partie. Avec des parties qui durent une minute seulement, le gameplay est aussi beaucoup plus intense que les Candy Crush et consorts, et la réussite plus une question de rapidité que de réflexion. Le seul aspect stratégique consiste à tenter de faire disparaître deux séries de pierres précieuses de la même couleur à la suite pour activer les totems qui interagissent avec la grille. La progression sur le long terme est assurée grâce au déblocage et à l’amélioration de ces totems et d’autres bonus permanents.

Treasures of Montezuma 3 sur Google Play


Tap! Dig! My Museum!

Derrière ce titre un peu étrange se cache un petit jeu sympathique dans lequel il s’agit de développer son propre musée d’histoire naturelle en reconstituant le maximum de squelettes complets de dinosaures. Le jeu me rappelle un peu l’activité de recherche de fossiles dans Animal Crossing, même si le gameplay est ici complètement différent, puisqu’il s’agit de creuser sur une grille de cases hexagonales en espérant y déceler les fossiles qui s’y cachent. On peut évidemment améliorer les outils utilisés pour creuser ainsi que divers aspects du musée. Le jeu est simple mais prenant — parfait pour une pause de cinq minutes — et monétisé de manière discrète.

Tap! Dig! My Museum! sur Google Play


Transit King Tycoon

Dans un genre complètement diffèrent, Transit King Tycoon est un jeu de gestion de réseau de transport très accessible. On construit des routes pour relier les centres de production (les usines) aux centres de consommation (les villes) et on affecte des véhicules aux contrats qui apparaissent, par exemple pour livrer 300 pierres de telle carrière à telle ville. Compléter des contrats permet de gagner de l’argent, utilisé pour améliorer les routes ou acheter de nouveaux camions. Le jeu se complexifie petit à petit avec le déblocage de nouvelles usines et de nouvelles villes, jusqu’à un point où les choses deviennent un peu fastidieuses, comme souvent dans les jeux de gestion. Le jeu permet néanmoins d’occuper de nombreuses heures avant d’arriver à ce stade.

Transit King Tycoon sur Google Play


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Les meilleures applications Android pour le pixel art (nouvelle édition)

Android et le pixel art… Cela semblait un peu contre nature il y a quelques années mais nous avons la chance de maintenant disposer de toute une palanquée d’applications de qualité dédiées aux gros pixels. L’inflation régulière des diagonales d’écran rend la pratique de plus en plus aisée mais si l’on cherche davantage de précision, on peut toujours avoir recours à un stylet, fourni avec les Galaxy Note par exemple, ou via un accessoire third party comme le Stilo 2A que j’utilise depuis quelques années (plus disponible à la vente, mais on trouve sûrement mieux pour moins cher aujourd’hui).

J’avais initialement considéré une simple mise à jour de mon article d’origine d’il y a maintenant 5 ans, mais le nombre de nouveautés justifie un tout nouveau post dédié à ce que je considère comme les meilleures applis pour s’essayer au pixel art sur son smartphone ou tablette Android.

Pixel Studio

Pixel Studio est un nouvel entrant dans la catégorie et il se hisse directement parmi les meilleures apps. Construite avec Unity, l’application est relativement lourde  avec ses 70 Mo, comparé aux 4 Mo de Pixel Maker par exemple. L’interface est très bien pensée, personnalisable et permet d’accéder très facilement aux très nombreuses fonctionnalités : calques, animation, texte, polygones, dégradés, etc. Si on y ajoute de nombreux outils pour gérer la palette dont le remappage, un large choix de palettes prédéfinies, une sauvegarde automatique et même un mode tactile à la Dotpict, on arrive à une solution qui rivalise avec les applications pour desktop. Il semble en plus que l’application va continuer à s’améliorer puisque le développeur est très actif et enchaine les mises à jour.

La version complète est relativement onéreuse (une dizaine d’euros, parfois en promotion) mais le prix est je pense justifié au vu de la qualité de l’appli. Il existe aussi une version « famille » un peu plus chère qui peut être partagée avec 4 autres personnes si l’amour du pixel art est chez vous génétique. Magie d’Unity oblige, l’application est aussi disponible sous Windows (sur le Microsoft Store ou Steam) et se prête parfaitement à une utilisation sur de petites tablettes comme la Surface Go.

Pixel Studio est à mon avis la nouvelle référence dans la catégorie pixel art et l’application que je recommanderais d’essayer en premier.


Novix

L’auteur du génial Mindustry nous propose cette application à l’interface assez originale à base de panneaux coulissants, pas forcément la plus intuitive au premier abord mais on s’y habitue rapidement. On a le choix entre un mode « curseur » (touchpad virtuel comme Dotpict) ou un mode tactile plus classique avec lequel on dessine simplement avec un doigt. L’appli propose beaucoup d’options de traitement d’image, ce qui est assez rare : réglage de luminosité/contraste/teinte, suppression/remplacement de couleur, redimensionnement/rotation/miroir… On dispose également d’un mode symétrie vertical et/ou horizontal. Novix est bien conçu et agréable à utiliser, même si je déplore un peu le fait qu’il faille toujours jongler entre les modes « dessin » et « loupe/déplacement ». Pour cette raison je pense que l’appli est mieux adaptée aux petites images genre sprites pour lesquelles le zoom est rarement utilisé.


8bit Master

Une application très facile d’accès qui dispose de tous les outils de base et d’une interface bien conçue. Une petite sélection de palettes prédéfinies de qualité (les classiques Pico8, Dawnbringer16, Gameboy…) est appréciable si on ne souhaite pas s’embêter avec le choix des couleurs. Deux spécificités : l’application est réalisée avec GameMaker, ce qui est assez rare en dehors des jeux, et beaucoup plus important, elle permet de gérer la palette de manière traditionnelle où changer la valeur d’une couleur se transmettra à tous les pixels utilisant cette couleur, comme c’est le cas dans les véritables programmes de dessin en 8 bit. Pour accéder à cette fonctionnalité très pratique pour peaufiner sa palette, il suffit juste de choisir « palette: linked » lors de la création d’une nouvelle image. L’application est gratuite.


Pixel Maker

Une des premières applis de pixel art sérieuses sur Android, Pixel Maker n’a malheureusement connu aucune mise à jour depuis quelques années mais pour l’instant elle fonctionne toujours correctement. L’interface supporte les modes portrait et paysage et est très bien conçue : tout tombe directement sous les doigts et est agréable à l’œil. On dispose d’un zoom puissant, d’une petite preview très utile en bas de l’écran, de palettes par défaut de bon goût et de fonctions de sélection très complètes. J’ai aussi apprécié la soft key Android « retour » qui sert de raccourci pour Undo. Taper sur un pixel de la même couleur le remplace par la couleur précédente, très pratique pour annuler les erreurs. L’application supporte toute résolution jusqu’à 512 pixels de côté (entre 8×8 et 32×16 pour la version gratuite). Seul bémol : l’absence de fonction pipette. Pixel Maker était mon application préférée il y a quelques années, mais faute de mises à jour, elle a été dépassée par des nouveaux entrants comme Pixel Studio. Elle reste une valeur sûre néanmoins si les fonctions actuelles vous suffisent. L’application est gratuite en version limitée, avec une version complète à 4 euros.


Dotpict

Cinq ans après ses débuts, cette application en provenance du pays du Soleil-Levant reste une valeur sure qui bénéficie de mises à jours constantes. Partant du principe que quand on dessine sur un smartphone, le doigt cache généralement ce qu’on fait, Dotpict propose une approche différente en dessinant de manière indirecte grâce à un curseur, déplacé avec une main en utilisant une partie de l’écran comme touchpad. L’autre main permet d’indiquer quand dessiner en pressant sur une zone en bas de l’écran. L’avantage de cette méthode est aussi une plus grande précision qui permet d’avoir moins recours au zoom, même si personnellement je trouve la pratique peu concluante. L’interface (portrait uniquement) est bien conçue mais le style ne plaira pas à tout le monde. On peut choisir entre 7 tailles d’images de 16*16 et 128*128 pixels, toutes carré. La palette est gérée dynamiquement, comme le mode « linked » de 8bit Master, à la différence de la plupart de ses concurrents. Un autre differerentiateur de DotPict est son côté « social network », avec la possibilité d’admirer les images d’autres contributeurs et de poster les siennes directement dans l’app, avec likes et followers à la clé. L’application est gratuite mais affiche des publicités qu’on peut retirer pour 7 euros.


Draw Pixel Art

Une application très complète avec énormément de fonctions disponibles :  plus d’outils de dessin que la moyenne (cercle, rectangle, ligne droite), mais aussi le support des calques et de l’animation. La gestion de la palette est par contre assez basique et je regrette l’absence de sauvegarde automatique. L’interface est assez complexe à appréhender et me semble un peu petite dans l’ensemble pour une utilisation confortable sur smartphone. On est probablement plus à l’aise sur tablette, d’autant plus que l’interface fonctionne en mode portrait et paysage. L’appli est gratuite dans sa version limitée, avec une version payante plus complète, que l’auteur offre aussi en échange d’un peu de publicité.


8bit Painter

l’autre appli japonaise de cette sélection se distingue par son choix de privilégier la simplicité d’utilisation avant tout. Uniquement les fonctions de bases sont proposées mais elles sont toutes accessibles de manière intuitive grâce à une interface bien conçue. L’appli peut être un bon choix si on se limite à des petites images utilisant une poignée de couleurs, mais je regrette l’absence d’une fenêtre de preview et surtout la présence d’un bandeau de pub en bas de l’écran qu’on ne semble pouvoir retirer, même en payant.


 

Voilà pour ce petit tour d’horizon des applis de pixel art sur Android en 2020. N’hésitez pas à me signaler si j’ai oublié une application intéressante et je me ferai un plaisir de mettre à jour l’article. Bon dessin d’ici là !


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Ma sélection de jeux mobile de cette année

À côté des milliards de jeux parfaitement dispensables qu’on trouve sur l’App Store et le Play Store, on peut aussi tomber sur des titres qui fleurent bon l’amour du travail bien fait et le respect du joueur. Voici un petit aperçu, classé par ordre de complexité, des jeux mobile auxquels j’ai le plus joué cette année et que je regarde avec une lueur de tendresse dans les yeux dans le rétroviseur où apparaît l’année 2019. Je ne me suis pas limité aux titres sortis dans les 12 derniers mois, la plupart datent même en fait de quelques années. Comme chacun sait, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.


PAKO Forever : la police au derrière

Commençons par un petit jeu qui provient d’une petite équipe finlandaise et qui occupera parfaitement des pauses de quelques minutes. Le concept est simplissime : dans la peau d’un fugitif, vous devez éviter les véhicules de police qui se ruent sur vous de tous les côtés. Le contrôle de la voiture se limite à tourner à droite ou à gauche, l’accélération est automatique et bloquée en position « pied au plancher ». La maniabilité est bien réglée, les graphismes ont une bonne tête et sont très lisibles, chaque partie est unique et se termine généralement très rapidement (tenir quelques dizaines de secondes est un excellent résultat) et il y a une tonne de nouveaux véhicules, décors et bonus plus ou moins loufoques à débloquer.

PAKO Forever sur Google Play / l’App Store

Deep Loot : collectionnez-les tous 

Dans un style plus contemplatif, Deep Loot saura répondre à vos crises de collectionnite aiguë. Dans la peau d’un plongeur initialement sans le sou, vous devez explorer les fonds marins pour y découvrir le maximum de reliques. Le jeu se joue comme une sorte de roguelike mélangé à un jeu d’exploration minière à la Motherload ou Gem Miner : la carte est générée de manière aléatoire et les parties sont toujours très courtes, le nombre de déplacements étant fixé par la réserve d’oxygène. Une fois cette dernière épuisée, le plongeur remonte automatiquement à la surface. Évidemment, on peut améliorer et customiser son plongeur et son bateau de mille façons, ce qui permet de pouvoir s’aventurer à des profondeurs plus importantes pour y trouver des ressources plus rares. Le jeu est relativement ancien puisque sorti en 2014 et est la création d’un seul développeur britannique.

Deep Loot sur Google Play / l’App Store

Pocket Trains : à lui de vous faire préférer le train

Passons aux choses sérieuses ! Avec Pocket Train, les Canadiens de NimbleBit nous proposent un jeu de type tycoon consacré à la construction d’un empire ferroviaire. Le joueur se voit confier quelques lignes en Europe et une poignée de locomotives à vapeur avec le modeste objectif de conquérir le monde ! Dans chaque gare on peut attacher et détacher des wagons de marchandises aux motrices et les envoyer vers leur destination. L’argent récolté sert à construire de nouvelles lignes et à débloquer des locomotives de plus en plus puissantes. Même si le jeu devient un peu fastidieux à terme, les premières dizaines d’heures sont très divertissantes et regarder ses petits trains transporter leurs cargaisons de Lisbonne à Vladivostok ou de Reykjavik au Cap (oui, il existe des tunnels ferroviaires entre l’Islande et l’Écosse et entre l’Espagne et le Maroc apparemment) est beaucoup plus relaxant qu’on pourrait l’imaginer.

Pocket Trains sur Google Play / l’App Store

Mindustry : passion tapis roulants

Si on avait encore le bénéfice du doute avec Pocket Train, avec Mindustry on s’aventure clairement dans le domaine des jeux principalement pour vieux geeks barbus. Le jeu est un tower defense futuriste avec un énorme volet gestion de chaîne d’approvisionnement qui rappellera un certain Factorio. Le jeu est très riche (campagne avec plein de cartes à débloquer, nombreuses ressources à mettre à profit, tech tree bien touffu qui donne accès à des dizaines de bâtiments, mode multijoueur…) mais est en plus extensible avec son éditeur de cartes et la prise en charge des mods. Malgré cette complexité, il reste très accessible grâce à un tutoriel clair, une interface bien pensée et au déblocage progressif des éléments les plus complexes. Mindustry est développé en open source par une seule personne et est vendu pour la modique somme de nada sur Android et une poignée d’euros sur iOS et PC. On peut facilement s’occuper plusieurs dizaines d’heures uniquement avec la campagne et le jeu vous fera presque regretter de ne pas devoir passer plus de temps dans les transports en commun.

Mindustry sur Google Play / l’App Store / Itch.io / Steam / F-Droid


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Le côté obscur du jeu vidéo mobile

Candy themed match-3 mobile games

Vous pouvez admirer ci-dessus un montage de jeux disponibles sur Google Play, tous évidemment très inspirés par la série des Candy Crush Saga. Comment en est-on arrivé là ? Le jeu en question est relativement aisé à cloner (on peut même acheter des kits prêts à l’emploi pour une somme modique) et les barrières à l’entrée à la commercialisation d’une appli pour smartphone sont maintenant quasi-inexistantes. Évidemment il faut y ajouter l’appétit des consommateurs pour ce genre de jeu, alors que comme disait Coluche, « il suffirait que les gens n’achètent plus pour que ça ne se vende pas. »

L’autre point assez effarant, c’est que tous les jeux présentés ci-dessus ont reçu des avis très positifs, autour de 4 étoiles généralement. Deux possibilités : soit le bidonnage des avis est très répandu, soit les joueurs sont satisfaits de cet état de fait.

Heureusement on trouve également plein de jeux plus originaux sur mobile (comme ici, ici ou ici), j’espère continuer à vous en faire découvrir certains sur ce blog.


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L’année de la planète des singes en pixel art

Voici une petite image rapide inspirée à la fois par le début de l’année du singe (nouvel an Chinois) et ma récente lecture de la Planète des singes, roman du français Pierre Boulle (1912 – 1994) qui a inspiré la série télé des années 1970 et plusieurs films, dont les récents la Planète des singes : Les Origines et la Planète des Singes : L’Affrontement. Pierre Boulle a également à son actif le roman le Pont de la rivière Kwaï dont fut tiré le film éponyme. Un beau palmarès pour un auteur en définitive peu connu.

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Ebauche sous KangTangDotter (Android)

Ebauche sous KangTangDotter (Android)

L’intrigue du livre la Planète des singes est en fait complètement différente de celle des films et pour être complètement honnête j’ai été un peu déçu par l’écriture et le manque d’action. Le livre reste néanmoins distrayant et les questions soulevées par l’idée de base toujours aussi pertinentes.

Pour en revenir à l’image, une premier jet a été réalisé sur mobile à l’aide de l’application Android KangTangDotter que je n’avais pas vraiment essayé jusqu’ici (voir mes autres tests d’applis Android pour le pixel art). La prise en main est assez originale mais plutôt efficace et la fonction symétrie s’est avérée bien pratique. L’appli mériterait d’être finalisée puisque tout ne fonctionne pas complètement comme il faudrait mais malheureusement elle ne semble plus être mise à jour.

Les limites du dessin avec le doigt se sont rapidement fait sentir (en particulier cette impression tenace de faire du barbouillage) et l’image a été terminée à l’aide de GrafX2. Au final la résolution est de 64 × 64 pixels et le nombre de couleurs de 16. Voir ci-dessous pour plus de détails sur le processus.


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Le développement de jeux vidéo en Afrique en 2016

L’Afrique n’est pas un continent qui vient spontanément à l’esprit quand on parle de jeu vidéo. Pourtant, comme dans beaucoup d’autres domaines, les choses évoluent rapidement et un embryon d’industrie vidéoludique se construit peu à peu. Avec une classe moyenne en pleine expansion et une population jeune en train de s’équiper massivement en smartphones, le potentiel est énorme même si des écueils subsistent.

Commençons par un état des lieux, même s’il est difficile de généraliser et de couvrir l’ensemble d’un continent si vaste et si divers. Je ne prétends pas à l’exhaustivité, donc n’hésitez pas à me signaler dans les commentaires si vous avez connaissance de studios intéressants basés en Afrique et qui ne sont pas évoqués ci-dessous.

C’est sûrement en Afrique du Nord que les structures sont les plus établies, en partie grâce à la sous-traitance qui s’est développée du fait de la proximité avec l’Europe et qui procure des revenus réguliers. Le doyen de la catégorie est évidemment le studio Ubisoft de Casablanca au Maroc, fondé en 1998 et récemment impliqué dans les titres Soldat Inconnus et Child of Light, mais dans le pays on trouve aussi Ezelia (où travaillent des gens doués), ainsi que l’opérateur téléphonique Inwi qui réalise des jeux mobile grand public.

Veterans par Nuked Cockroach (Tunisie)

Veterans par Nuked Cockroach (Tunisie)

La Tunisie semble également très dynamique à ce niveau là, avec des studios indépendants comme DigitalMania (plus d’information), SaphirProd, Prolancers Games ou K’Art Studio ou des indés comme Stolen Pad Studio ou Nuked Cockroach Studios. Le pays peut également compter sur sa propre association de développeurs de jeu vidéo.

Au sud du continent, on trouve sans surprise de nombreux studios indépendants en Afrique du Sud, qui souvent réalisent des jeux dans un style résolument occidental, comme Celestial Games, Free Lives (créateur du superbe Broforce) ou Tasty Poison.

Déjà en pointe sur le continent grâce aux films de Nollywood, le Nigéria confirme la puissance des ses industries créatives avec des sociétés comme Maliyo, Gamsole ou Chopup qui proposent des jeux souvent basés sur la culture africaine. Gameloft, souvent précurseur dans ses implantations géographiques, vient d’ailleurs d’ouvrir une filiale dans le pays, ce qui confirme l’importance du Nigéria en matière technologique dans la région même si la fonction de ce nouveau bureau semble se limiter à de la distribution pour l’instant.

On trouve également des studios de jeux vidéo en Ouganda (Kola Studios, plutôt casual), au Ghana (Leti Arts, qui fait du cross média jeu vidéo et BD) et au Kenya, dans ce qu’on appelle la « Silicon Savannah » (Momentum Core et Black Division Games qui a annoncé le FPS Nairobi X).

Africa's Legends par Leti Arts (Ghana)

Africa’s Legends par Leti Arts (Ghana)

Encore plus intéressant pour nous locuteurs de la langue de Molière, on commence à voir des studios éclore en Afrique francophone, comme Kiro’o Games au Cameroun, une société d’une vingtaine de personnes qui prépare Aurion, un RPG à l’univers africain ! Le projet s’annonce comme l’un des plus ambitieux jamais réalisé en Afrique de l’Ouest et a été bien relayé par les médias internationaux après des campagnes Indiegogo et Kickstarter bouclées avec succès (plus de détails dans l’entretien ci-dessous). Gameroon est un autre studio présent au Cameroun (voir ci-dessous également), tout comme Noohkema Game Studios, encore en phase de décollage.

Toujours dans l’espace francophone, on note l’existence d’une petite structure au Togo appelée Un Truc De Fous, mais c’est surtout la situation à Madagascar qui m’a surpris, avec pas moins de trois structures actives : Nelli Studios, Fossa Studio et Lomaytech qui prépare un jeu de course de voitures appelé Gazkar.


 

Pour en apprendre plus sur les derniers développements en Afrique francophone, l’idéal reste de demander l’opinion de personnes qui les vivent au quotidien. Je remercie donc Madiba Olivier (fondateur de Kiro’o Games au Cameroun) et Yannick Sabzé (fondateur de la structure Gameroon, basée au Cameroun également) d’avoir accepté de répondre à mes questions.

Bonjour à tous les deux et merci beaucoup d’avoir accepté de vous prêter au jeu de l’interview. Pouvez-vous vous présenter en quelque mots ?

Madiba Olivier Bonjour, je suis MADIBA Olivier, jeune camerounais de 30 ans et je suis le fondateur de Kiro’o Games. Je suis aussi le Game Designer d’Aurion, l’Héritage des Kori-Odan, notre A-RPG. Au-delà du jeu vidéo, je suis un geek assez cliché. J’aime glander chez moi et jouer avec des chats (dans la vraie vie et sur Monster Hunter).

Kiro'o Games en 2013 (Olivier Madiba avec l'écharpe)

Kiro’o Games en 2013 (Madiba Olivier avec l’écharpe)

Yannick Sabzé : Salut. C’est moi qui vous remercie de me donner l’opportunité de m’exprimer sur ce sujet qui me passionne depuis ma tendre enfance. Je suis Yannick Sabzé, 35 ans, camerounais. Je suis à la tête d’un cabinet conseil en communication et d’une structure de développement de jeu vidéo que j’ai baptisée Gameroon.

Comment vous est venue cette passion pour la création de jeux vidéo et qu’est ce qui vous a fait sauter le pas pour la concrétiser ?

Madiba Olivier : Toujours une réponse très clichée mais vraie. Ce qui me fait commencer c’est la passion. Quand je joue à FF7 et que je le finis pour la sixème fois (on jouait tous à FF7 à la maison par tranche horaire avec mes frères, chacun sa sauvegarde !) je me suis mis à rêvasser sur comment j’aurais fait le jeu moi-même. En 2003, j’ai commencé à développer de façon amateur avec RPG Maker mais je voulais surtout me focaliser sur la mise en scène et la programmation et aussi suivre le process game design de façon pro. Jusque là je bossais sur mon temps libre après le boulot. En 2012 je lis un article qui explique que faire un petit jeu vidéo demande 4 ou 5 millions de dollars et là je me met à faire un simple calcul pour me rendre compte que si j’avais 1 million de dollars je ferais une bombe avec une équipe au Cameroun (mon pays). Bref c’est de là que commence l’ambition de passer pro. Le fait que les jeux vidéos se vendent en dématérialisé a aussi beaucoup influencé notre choix. Cette vidéo montre l’évolution du jeu d’amateur à professionnel depuis 12 ans.

Yannick Sabzé de Gameroon

Yannick Sabzé de Gameroon

Yannick Sabzé : Mon premier contact avec le jeu vidéo remonte à ma première partie de Kung Fu Master sur Arcade en 1989. Ce fut le coup de foudre. L’année suivante mes parents ont aménagé dans un quartier huppé de Yaoundé. Nous avions des voisins de nationalité française et je m’étais lié d’amitié avec leur fils cadet. Leur fils aîné avait un Atari ST 520. Le pauvre ! Je ne le laissais pas dormir parce que je venais très tôt le matin pour faire des parties avec son jeune frère. On s’éclatait à International Karaté Plus, Ikari Warriors, Dragon Ninja, Space Harrier, R-type et autres titres à succès d’alors. Comme il était élève en classe scientifique, il lui arrivait de développer de petits programmes sur son ordinateur et moi je le regardais faire sans évidemment comprendre grand-chose. Je crois que les résultats pour la plupart hilarants de ses programmes semaient déjà quelque chose en moi. Lorsque le temps de quitter le Cameroun pour ces voisins était arrivé, ils ont vendu à mes parents l’ordinateur de leur fils qui m’a été offert. C’est ainsi que j’ai commencé à créer mes petits programmes. C’est le manque de toutes les connaissances requises pour créer le type de jeu qui m’obnubilait à l’époque qui a fait naître le désir de développer des jeux vidéo plus tard.

En Chine beaucoup d’enfants découvrent entre autres les grands classiques du jeu vidéo japonais (Pokémon, Mario, Zelda…) par le biais d’émulateurs GBA ou SNES et ont donc une bonne connaissance de cette culture malgré le fait que ces jeux ont dix ou vingt ans et n’ont jamais été distribués officiellement dans le pays. Comment se construit la culture du jeu vidéo pour les jeunes joueurs africains d’aujourd’hui ? 

Madiba Olivier : Disons que dans les années 90 (époque SNES et Megadrive) les jeunes des grandes villes étaient plutôt à la page. Tout le monde n’avait pas une console, mais chaque pâté de maison avait un gars avec les bons jeux Super Nintendo et Megadrive avec les classiques. Il y avait aussi les salles d’arcade avec tout ce qu’on pouvait imaginer de classiques comme bornes de l’ère 16 bit. L’ère de la Playstation 1 aussi s’est bien passée, les consoles se sont bien distribuées au pays. Mais pour être honnête, le piratage y était pour beaucoup. A cause du très faible pouvoir d’achat, la plupart des joueurs locaux ont joué uniquement à des jeux piratés. Les goûts sont très mainstream, notamment jeux de foot, guerre et aventure surtout les licences phares sont assez répandues chez les jeunes gamers locaux (concentrés dans les capitales). On trouve très peu de joueurs RPG locaux, ça vient surtout du fait que les jeunes africains sont traumatisés par la lecture en bas âge (système du fouet quand tu dois réciter l’alphabet, donc ils grandissent avec une aversion des textes). Avec la prolifération des smartphones, il y a une naissance plus accéléré des joueurs casuals. C’est très bizarre quand une grand-mère vous approche dans un lieu public et vous dit qu’elle veut Candy Crush dans son smartphone en vous demandant de l’installer pour elle.

Yannick Sabzé : Comment se construit la culture du jeu vidéo pour les joueurs africains ? Eh bien je dois dire que cette culture est construite. Il peut manquer les finitions mais elle est construite. Et elle s’est construite en strates : il y a eu l’époque où les bornes d’arcade étaient le nec plus ultra, quand les élèves séchaient les cours pour écumer les salles de jeu vidéo ; comme les salles d’arcade n’étaient pas ouvertes 24h sur 24, les gamers s’achetaient ou demandaient que les parents leur achètent des consoles de jeu et là nombreux étaient ceux qui se procuraient des magazines spécialisés genre Joypad ou qui regardaient des émissions sur les chaînes du câble pour se tenir informés ; puis est venu le temps où le dernier niveau de la pagode a été atteint, celui du développement des jeux à la sauce africaine. En d’autres termes, lorsque vous dites que les jeunes chinois en sont encore à découvrir les classiques, mon fils de 5 ans joue à Forza 4 sur Xbox 360 et remporte victoires sur victoires lorsqu’il m’affronte sur certains circuits.

Aurion par Kiro'o Games (Cameroun)

Aurion par Kiro’o Games (Cameroun)

Quelles sont les perspectives pour le marché du jeu vidéo en Afrique ? Quelles plateformes vont d’après vous réussir à s’imposer d’ici quelques années (PC, console, web, mobile) ? D’ailleurs est-ce que cela a un sens de parler de « marché africain » ou est-ce que les particularités nationales sont telles que le marché restera fragmenté dans les années qui viennent ?

Madiba Olivier : Il y a un marché potentiel énorme. Évidemment le mobile sera le marché phare. Le PC est en deuxième position. Pour les consoles et la réalité virtuelle, je pense que ça va mieux démarrer en fonction des réglages socio-économiques sur les 10 ou 15 prochaines années. Le défi par contre est qu’il faudra des éditeurs continentaux pour organiser ce vaste marché et la chaîne de production, formations, etc. Le jeu vidéo peut être considéré comme africain, les jeunes studios du continent abordent le marché déjà avec une vue globale et nous communiquons un peu entre nous.

Yannick Sabzé : Les perspectives sont à mon sens alléchantes. Même s’il y a lieu d’apporter un petit distinguo entre le marché du jeu vidéo en Afrique et le marché africain du jeu vidéo. Que ce soit pour l’un comme pour l’autre en tout cas, je pense qu’on peut s’attendre à voir les courbes croître. Je donne le mobile vainqueur haut la main, ensuite le PC. Les consoles et le web ne généreront pas grand-chose en termes de revenu à cause pour l’un du coût pharaonique lié au développement et pour l’autre les limites techniques qui empêchent par exemple de s’adonner à un bon MMORPG, sans parler d’une habitude qui ne fait pas partie des mœurs des gamers africains en Afrique. Oui, ça a tout à fait un sens de parler de marché car il y a des consommateurs. Sauf qu’il est impératif de procéder dans les normes et de réaliser par exemple une étude du marché pour mieux segmenter et cibler les consommateurs qui ne sont pas forcement seulement les joueurs mais aussi les annonceurs, obtenir d’eux un feedback qui permettra aux développeurs de leur offrir du contenu qui leur plaît et qui les touche mieux. On ne peut pas faire fi des particularités nationales cependant. La communauté anglophone africaine et les développeurs de cet ensemble peuvent avoir une vision des choses que ne partagent pas les francophones ou les lusophones. Ce qui veut dire que c’est plus la curiosité que l’engouement qui pourra pousser une communauté à s’intéresser à ce que fait l’autre communauté.

Akan par Gameroon (Cameroun)

Akan par Gameroon (Cameroun)

Quels sont selon vous les atouts que l’Afrique peut faire valoir en matière de création de jeu vidéo ?

Madiba Olivier : De l’originalité déjà. Il y a une grande base inexploitée (à part l’Égypte) de l’univers africain qui pourrait servir à plusieurs studio pour apporter un souffle à la machine de la créativité artistique. Le défi étant surtout de briser le « mur exotique ». Ca fait plus de 100 ans que l’Afrique a une image peu flatteuse dans l’inconscient collectif, il faut générer des produits qui contournent ces blocages. C’est un peu ce que nous tentons de faire avec Aurion et l’African-Fantasy de notre univers. Aussi si nous arrivons à régler les déficits structurels (électricité, etc.) nous pourrions être le nouveau Montréal. Je rêve de pouvoir offrir un espace de travail aux studios du monde entier pour qu’ils puissent vivre ici et profiter d’un très bon niveau de vie local même avec peu de dollars ou euros comme salaires. Un autre défi serait de ne pas faire d’échange à sens unique, une erreur reprochée au marché japonais. Faire des jeux africains pour qu’ils soient vendus aux USA et Europe, mais équilibrer aussi le flux pour que des développeurs américains ou européens vendent aussi au public africain. Je crois beaucoup en la synergie win-win .

Yannick Sabzé : Nous africains avons une culture, des traditions et des coutumes riches et profondes dont les éléments peuvent servir de base à la création vidéo ludique.

À l’inverse, quels vous semblent être aujourd’hui les freins au développement de l’industrie du jeu vidéo en Afrique ?

Madiba Olivier : Ils sont nombreux, et liés au retard général du continent sur tout. Énergie, internet, financement, absence de chaîne de production et de masse critique du public qui va acheter les jeux. Mais notre génération y travaille et je pense que dans 10 ou 15 ans ce sera un autre continent qui se dressera.

Yannick Sabzé : Parmi les freins au développement de cette industrie, je peux citer tout d’abord l’ignorance. L’ignorance des institutions financières qui n’octroient pas de crédit aux compagnies de développement de jeux vidéo disséminées ci et là en Afrique. L’ignorance des autorités administratives qui n’ont pas mis sur pieds des structures pour subventionner les entreprises de développement de jeux vidéo. Elles ignorent que l’industrie du jeu vidéo est dans le top 5 des industries qui génèrent le plus de revenu au monde. Je peux citer aussi la culture de la piraterie qui fait des ravages dans les autres secteurs de productions artistiques. Ce qui n’est pas de bon augure pour les entreprises de développement de jeu vidéo encore embryonnaires.

Est-ce que vous ressentez une envie des joueurs locaux d’avoir accès à un contenu auquel ils peuvent s’identifier davantage ?

Madiba Olivier : Oui fortement, mais je crois surtout que l’envie est d’avoir de bons produits. Les joueurs locaux sont habitués à la qualité donc ils ne prendraient pas de jeux qui ont des personnages qui leur ressemblent si ils sont médiocres.

Yannick Sabzé : J’ai bel et bien ressenti cette envie des joueurs locaux d’avoir accès à des jeux vidéo auxquels ils s’identifient après la sortie de mon dernier jeu vidéo.

Symétriquement, vous semble t-il y avoir appétence réelle des joueurs français et européens pour des jeux mettant en scène la culture africaine ?

Aurion par Kiro'o Games (Cameroun)

Aurion par Kiro’o Games (Cameroun)

Madiba Olivier : Appétence peut-être le mot est fort. Je dirais que le joueur passionné cherche la nouveauté et qu’importe le flacon pourvu qu’il ait l’ivresse. Mais je pense aussi que nous avons reçu un très gros soutien de la communauté gaming européenne qui veut voir de la nouveauté. Mais il faudrait que la qualité soit au rendez-vous surtout.

Yannick Sabzé : Je réponds aussi par l’affirmative à cette question dans la mesure où mon site web a connu un fort trafic de français et d’européens après la sortie de ce jeu.

De ce point de vue, est que la Francophonie vous semble être une réalité qui permet aux francophones de s’ouvrir à d’autres horizons et à d’autres marchés ou est-ce plutôt un concept un peu creux sans application concrète ?

Madiba Olivier : La Francophonie est un grand atout si elle est mixée à autre chose. Au studio par exemple notre bagage francophone nous a ouvert l’esprit à une gestion de la subtilité et de la pensée qui nous offre beaucoup « d’élasticité » dans nos façons de concevoir les choses. En affaire aussi il y a un aspect social important dans nos rapports à nos collaborateurs hérités de la gestion francophone. Par contre nous devons y combler le sens de l’urgence et de la pratique anglo-saxonne. En gardant aussi nos repères identitaires.

Yannick Sabzé : Je ne peux pas dire que la Francophonie est un concept creux au vu des réalisations dans le domaine de la littérature, du cinéma ou de la musique. Dans cette optique, oui en effet elle permet aux francophones de s’ouvrir à d’autres horizons et à d’autres marchés. Toutefois, en ce qui concerne le sujet qui nous intéresse, je crois qu’il faut lui passer les manettes et elle devra appuyer les boutons avec frénésie. La Francophonie a encore beaucoup à faire dans le domaine de la création vidéo ludique. Il y a un prix du jeune écrivain francophone… il peut y avoir un prix du jeune développeur francophone par exemple.

Je vous laisse le mot de la fin, n’hésitez pas à aborder un point que je n’ai pas couvert et qui vous paraît important.

Madiba Olivier : Disons que je te remercie déjà pour l’interview ainsi que tous ceux qui ont pris leur temps de lire. Je voulais ajouter que nous avons créé notre propre moteur de jeux pour Aurion. Ce qui rajoute un peu à la prouesse du studio (partir d’une équipe qui n’a jamais fait du jeu vidéo et créer un A-RPG avec son propre moteur et des coupures de courants). Bref on espère que toutes les années de travail vont plaire au public lors de la sortie du jeu.

Yannick Sabzé : 2016 va être une année charnière pour Gameroon. Tout d’abord parce que je vais enfin lancer le service youplayourself sur lequel j’ai cogité pendant plus de 2 ans et qui permettra aux parents d’offrir à leurs enfants des jeux vidéo personnalisés. Ensuite c’est au courant de cette année que sortira un jeu au gameplay inédit. Merci une fois de plus pour toutes ces questions auxquelles j’espère avoir apporté des réponses édifiantes.


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Smash and Dash (Android, iOS) : l’arcade dans le creux de la main

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Comme beaucoup, je me lasse d’un grand nombre de jeux mobile très rapidement, mais il existe quelques rares exceptions vers lesquelles je reviens mois après mois et auxquelles j’ai le sentiment de m’améliorer lentement mais sûrement, comme Smash and Dash. Le jeu est signé Syncoplay, un tout petit studio indépendant situé à Salt Lake City dans l’Utah.

Le jeu ne propose pourtant rien de révolutionnaire ou complexe, mais ce qu’il fait, il le fait très bien. Les sources d’inspiration sont à chercher du côté des classiques de l’arcade du début des années 80 (comme l’excellent Robotron 2084) et des jeux qui ont lancé une sorte de renaissance du genre au début des années 2000 (Geometry Wars et consorts). Smash and Dash n’a évidemment aucune prétention scénaristique et le but du jeu est simplement de détruire les ennemis présents sur la grille en leur passant sur le corps (on ne peut pas tirer) tout en évitant leurs projectiles. Après un certain nombre d’ennemis, on passe à un niveau supérieur où les choses se compliquent. À partir du niveau 3, le jeu prend une tournure plus bullet hell.

De temps en temps des bonus apparaissent et permettent d’améliorer temporairement les performances du vaisseau : bouclier, tir automatique, destruction instantanée de tous les ennemis à l’écran, multiplicateur de score et bien sûr la traditionnelle invincibilité. En explosant, les ennemis libèrent des gemmes qui sont utilisées pour acheter des upgrades pour les bonus et d’autres améliorations permanentes : on peut par exemple augmenter le nombre de gemmes libérées pour chaque ennemi supprimé, augmenter la puissance du champ magnétique qui attire les gemmes vers le vaisseau et même réduire légèrement la taille de ce dernier, ce qui permet de se faufiler entre les projectiles plus facilement.

Les gros points forts du jeu sont un game design bien ficelé (difficulté, ennemis et upgrades parfaitement étalonnés) et une prise en main excellente. Le cadre présent dans la partie inférieure de l’écran est un mini-trackpad qui permet de déplacer le vaisseau à un seul doigt avec une précision et une réactivité diaboliques. Il fait aussi office de bouton de pause dès que le doigt du joueur n’est plus en contact avec cette zone.

Les graphismes sont par contre malheureusement très quelconques. Le look « arcade old school » correspond au gameplay mais un style plus affirmé et plus peaufiné n’aurait vraiment pas fait de mal : les sprites pixelisés auraient avantageusement pu être remplacés par des objets pseudo-vectoriels plus élégants, l’arrière plan aurait mérité quelques animations subtiles au lieu d’être entièrement noir et les effets de particules auraient pu être beaucoup plus spectaculaires. Par contre, la musique signée par un musicien de Salt Lake City est bien pêchue et apporte une touche d’originalité au jeu.

Pas d’embrouille côté monétisation : quelques écrans de pub sont affichés entre les parties et on peut payer une poignée d’euros pour s’en débarrasser. Tout aussi classique, on peut aussi acheter des gemmes qui serviront à améliorer le vaisseau si on n’a pas la patience de les accumuler en jouant.

Pour résumer : un concentré d’arcade addictif et bien conçu qui, malgré son apparence modeste, restera le jeu mobile auquel j’ai le plus joué en 2015.

Smash and Dash est disponible sur Google Play et iTunes

 


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PAC-MAN 256, l’ancêtre met la pac-gomme

Pac-Man 256 par Hipster Whale (Android et iOS)

L’énorme succès de Crossy Road, très inspiré de Frogger, n’a pas échappé à Bandai Namco qui plutôt que d’en sortir précipitamment un clone plus ou moins inspiré, a préféré opter pour une solution un poil plus intelligente : demander à Hipster Whale, les créateurs de Crossy Road, de travailler sur un nouveau jeu dans le même style, mais utilisant la marque et l’univers de Pac-Man.

Le résultat s’appelle Pac-Man 256 – Endless Maze et comme Crossy Road, le but est de progresser dans un niveau infini généré aléatoirement en évitant de mourir trop rapidement. Le jeu est néanmoins beaucoup plus riche que Crossy Road, puisqu’il reprend les aspects phares de Pac-Man que sont les pac-gommes, les différents fantômes, les bonus et même les raccourcis. Le score dépend aussi beaucoup du nombre de fantômes avalés, ce qui rend les parties beaucoup plus stratégiques et plus intenses que Crossy Road. S’y ajoute un système de power-ups (laser, pac-man géant…) qu’on débloque petit à petit et qu’on peut améliorer avec les pièces récoltées.

Ultime clin d’œil qui montre que les auteurs se sont appropriés la mythologie du jeu dans ses moindres détails : pour le forcer à avancer, Pac-Man est poursuivi par le « glitch« , réincarnation d’un bug du jeu d’arcade de 1980 qui se produisait quand un joueur parvenait au niveau 256.

Pac-Man 256 - le glitch !Le jeu est mignon avec son look « pixel art en 3D » et quelques fioritures comme la distorsion type écran CRT et l’effet vignette sur les bords. Les sons sont fidèles au jeu d’origine jusqu’à la mélodie inoubliable et le très important waka-waka. Pour optimiser la rétention, l’interface utilise les mêmes astuces que Crossy Road, la référence à ce niveau à l’heure actuelle : crédits débloqués à intervalles réguliers avec compte à rebours bien en évidence, pièces offertes si on atteint des objectifs spécifiques, incitation à la collectionnite aiguë de power-ups, etc.

Le jeu est évidemment gratuit à télécharger et monétisé principalement via des crédits qui sont nécessaires pour jouer avec les power-ups. On peut toujours jouer sans une une fois les crédits épuisés, mais le jeu perd une grosse partie de son fun dans ce cas là.

Le jeu est une bonne surprise en définitive, un remix intelligent de Pac-Man qui ne trahit pas le jeu original mais le modernise et le rend parfaitement adapté aux parties courtes sur mobile. En fait Pac-Man, avec Tetris, est l’un des rares exemples de franchises des années 80 qui a su rester d’actualité (même Facebook avait eu le droit à deux versions du jeu en 2011 !). Pac-Man Championship Edition DX sorti il y a quelques années sur Xbox 360 et plus récemment sur Windows, iOS et Android est globalement considéré comme un cas d’école du jeu d’arcade dépoussiéré avec talent en conservant le gameplay et grosso modo l’esthétique d’origine. On aimerait que Sega ou Atari en prennent de la graine, eux qui laissent moisir leurs licences ou les malmènent avec des reboots complètement déconnectés du jeu d’origine, involontairement grotesques ou tout simplement mauvais.