Ça aura pris un certain temps, mais Android commence à disposer de bonnes applis conçues spécifiquement pour le dessin en pixel art en mode nomade. État des lieux des meilleures, testées sur un Nexus 4 :

Une application compacte (350 ko) à l’interface en mode portrait ou paysage bien pensée, malgré un slider de zoom imprécis et l’agrandissement maximum un peu trop faible. On peut créer des images de n’importe quelle dimension (maximum 512 pixels de côté) et on dispose aussi d’une fonction symétrie qui peut parfois s’avérer utile (visages…). Dommage que comme dans beaucoup d’apps, changer les couleurs de la palette ne mette pas à jour le dessin. Pour moi le meilleur choix en gratuit.

L’interface est un peu trop minimaliste à mon goût (un bouton commun pour le pinceau, la pipette et le pot de peinture) et on se retrouve rapidement à semer des pixels sans le faire exprès en manipulant l’image. Les résolutions possibles sont très limitées (4 options, du 20×20 au 128×128) et encore plus à l’export (seuls choix : 128 ou 480 pixels de côté). L’appli est tout à fait utilisable même si on regrette l’absence de mode paysage, une sélection des couleurs peu pratique et surtout, la présence absolument rédhibitoire d’une bannière de pub en bas de l’écran qu’on ne peut pas supprimer, même en payant.
- Platz (Hiroki M, gratuit)

Une nouveauté japonaise à l’interface peu pratique à cause de boutons trop petits et des déplacements fastidieux en fraction de pixels (!) quand l’image est zoomée. Il y a néanmoins de très bonnes idées, comme la possibilité d’ouvrir plusieurs images à la fois, le bouton de volume qui permet de changer le niveau de zoom (ou au choix, undo/redo), la sélection des couleurs précises avec sliders pour chaque composante RGB ou l’export en SVG. La seule taille d’image disponible pour l’instant semble être le 16×16. Une application prometteuse mais encore incomplète à ce stade.
- Pixel Maker (Vivid Helix, version gratuite limitée, version complète à 3 euros)

L’interface supporte les modes portrait et paysage et est très bien conçue : tout tombe directement sous les doigts et est agréable à l’œil. On dispose d’un zoom puissant, d’une petite preview très utile en bas de l’écran, de palettes par défaut de bon goût et de fonctions de sélection très complètes. J’ai aussi apprécié la soft key Android « retour » qui sert de raccourci pour Undo. Taper sur un pixel de la même couleur le remplace par la couleur précédente, très pratique pour annuler les erreurs. L’application supporte toute résolution jusqu’à 512 pixels de côté (entre 8×8 et 32×16 pour la version gratuite). Seuls bémols : une icône hideuse (mais les cordonniers sont les plus mal chaussés, comme chacun sait) et l’absence d’outil pipette. L’application la plus pro du lot, à acheter sans regret.

Partant du principe que dans un logiciel de dessin tactile, le doigt cache souvent ce qu’on fait, DotPict propose une approche différente en simulant une souris. Le curseur est déplacé en utilisant une partie de l’écran comme un touchpad et une zone en bas de l’écran correspond au bouton de la souris. En pratique l’avantage ne m’a pas paru évident et on s’emmêle souvent les pinceaux. L’interface (portrait uniquement) est néanmoins bien conçue mais le look mièvre ne plaira pas à tout le monde. J’ai bien aimé la petite preview dans la barre d’outils, moins le zoom trop limité. On dispose de seulement 5 tailles d’image, du 16×16 au 64×64 (5 tailles en export, de 16×16 à 256×256) et par défaut d’une seule palette, certes bien choisie. On peut en télécharger quatre de plus, mais cela reste très insuffisant.
J’ai également testé Pixel Paint, Pixelesque, IsoPix ou NES Pixel Art mais je ne m’attarderai pas dessus puisqu’ils m’ont tous paru trop limités ou peu ergonomiques. On peut aussi citer le port Android de Grafx2, malheureusement inutilisable en l’état sur smartphone. À tester sur tablette, idéalement avec clavier et souris !

Pour moi les points les plus importants pour une application de pixel art sont une interface ergonomique supportant le mode paysage, un large choix de résolutions et une personnalisation facile des couleurs de la palette. En conséquence, les meilleurs choix à quelques jours de 2015 pour un smartphone de taille moyenne me semblent être Pixel Maker, très complet et bien conçu et Pixels Touch, un peu plus limité mais qui a le mérite d’être 100% gratuit. Les choses ont l’air d’évoluer rapidement et on peut parier que d’ici 6 mois de nouvelles alternatives auront vu le jour pour le pixel art sur Android.
Mise à jour du 13 février 2018 :
Trois ans après la parution initiale de cet article, quoi de neuf ?
Petite déception, la plupart des applications que j’avais présentées ci-dessus ne semblent plus être activement développées. Ce n’est pas vraiment un problème pour Pixel Maker et Pixel Touch qui étaient déjà stables et relativement complètes, ça l’est plus pour Platz qui conservera probablement à tout jamais son statut de prototype prometteur mais pas vraiment utilisable au quotidien.
DotPict est la seule qui ait connu des mises à jour majeures et l’évolution est très nette avec à la clé un redesign et de nouvelles fonctions. L’ajout de 3 mini-jeux est une curiosité sympathique à défaut d’être très utile.
La bonne nouvelle c’est que de nouvelles applications ont vu le jour. Si certaines ne m’ont pas convaincu (Pixly et Pixel Art Paint Pro font vraiment trop amateur, KangTangDotter est intéressant mais trop instable), d’autres, que je présente ci-dessous, sont beaucoup plus abouties.

Un nouveau venu intéressant au développement rapide, une bonne surprise ! L’interface est bien conçue et relativement personnalisable. Deux spécificités : l’application est réalisée avec GameMaker, ce qui est assez rare en dehors des jeux, et beaucoup plus important, elle permet de gérer la palette de manière traditionnelle. C’est à dire que changer la valeur d’une couleur de la palette se transmettra à tous les pixels utilisant cette couleur, comme c’est le cas dans les véritables programmes de dessin en 8 bit ou moins. Ça s’avère très pratique pour peaufiner sa palette à la fin. Pour accéder à cette fonctionnalité, il suffit juste de choisir « palette: linked » lors de la création d’une nouvelle image.

Une nouvelle application activement développée qui se distingue par son choix de privilégier la simplicité d’utilisation avant tout. Uniquement les fonctions de bases sont disponibles mais elles sont bien conçues et accessibles de manière intuitive. L’appli peut être un bon choix si on se limite à des petites images utilisant une poignée de couleurs. Je regrette juste l’absence d’une fenêtre de preview et la présence d’un bandeau de pub en bas de l’écran qu’on ne peut pas retirer, même en payant.

Si on passe outre son interface qui est une insulte au bon goût, Pixel Station est une application de pixel art potable malgré quelques incongruités comme la décision inexplicable de placer les boutons d’undo/redo d’une part et le bouton de pipette et la palette d’autre part sur deux tabs différentes, ce qui s’avère rapidement pénible à l’usage . La raison pour laquelle je l’inclus dans cette sélection est la présence d’un atout de taille dans sa manche : la réalisation très facile de petites animations exportables en GIF animé. L’onion skinning est supporté (sur fond blanc uniquement par contre) et on peut choisir une durée spécifique pour chaque frame. Il est par contre malheureusement impossible de recharger l’animation par la suite, ce qui impose de la finir d’un seul jet.
Voilà pour ce petit tour d’horizon des nouveautés 2018. N’hésitez pas à me signaler si j’ai oublié une application intéressante.