Je viens de prendre conscience que mes deux derniers billets sur le sujet remonte à un an ou plus (première partie, deuxième partie). Alors voilà, un nouveau tour de table des jeux Facebook réalisés par des studios français s’impose. Comme auparavant, l’idée est d’établir une liste parfaitement subjective de jeux récents qui ont retenu mon attention, généralement avec un nombre de joueurs conséquent, mais pas forcément. Le nombre de DAU sont tels qu’estimés par AppData le 2 juin 2012.
Commençons par Kobojo, qui confirme sa position de studio français le plus actif sur Facebook, puisque la société a lancé deux gros titres depuis l’été dernier. Les mécanismes du premier, Atlantis Fantasy (110 000 DAU), ne sont pas sans rappeler PyramidVille, mais en version sous-marine, puisque la ville à développer pas à pas est cette fois à la sauce Atlante. Graphiquement le jeu n’a rien a voir avec son prédécesseur et le saut qualitatif est impressionnant. Atlantis Fantasy est sans conteste un des jeux les plus léchés visuellement sur Facebook (peut-être grâce a la collaboration avec Ouat Entertainment, un studio plus ancien basé à Angoulême), et se paie aussi le luxe d’être l’un des jeux Flash les plus fluides que j’ai pu essayer.
Jouer à Atlantis Fantasy.
Un nouveau jeu de Kobojo est disponible depuis peu : Smooty Tales. Ici le but est de prendre un charge une petite bestiole velue en lui construisant un sanctuaire qui saura répondre à tous ses besoins. Comme pour un Tamagotchi, il faudra en prendre soin régulièrement, comme dans The Sims Social, les relations avec les voisins doivent être entretenues. On retrouve également le système de skills qui débloque des nouvelles actions ou objets. Là encore, le jeu impressionne par ses graphismes dont les détails et la finition sont de très haut niveau. Le jeu est si récent qu’il n’a pas été encore annoncé officiellement et les statistiques ne sont toujours pas disponibles sur AppData à l’heure actuelle.
Jouer à Smooty Tales.
Treasure City par Ooblada (anciennement Zslide) est la suite spirituelle de Treasure Madness, leur grand succès lancé en 2009. Là aussi, le principe est d’explorer des séries d’îles flottantes pour y localiser les trésors enfouis au hasard du décor. Le jeu est plus mignon graphiquement que Treasure Madness, avec des petits personnages très attachants et des palettes de couleurs choisies avec soin. Autre changement, les mini-jeux ont laissé leur place à des exercices d’entraînement cérébral de type Kawashima. Leur niveau est malheureusement très modeste (rater un exercice semble rarissime pour tout adulte normalement constitué) ce qui rend la gymnastique intellectuelle toute relative. Peut-être est-ce la raison pour laquelle le jeu semble peiner à trouver son public (2000 DAU à l’heure actuelle, contre toujours 90 000 pour son prédécesseur). Dommage, parce que visuellement le jeu est une franche réussite.
Jouer à Treasure City
Avec Bubble Bunny (20 000 DAU), sorti plus récemment, Ooblada s’essaye à un autre type de jeu : le skill gaming façon Bejeweled Blitz ou Diamond Dash, caractérisé par un principe de jeu simple mais fignolé aux petits oignons, des parties au temps très limité (de 1 à 3 minutes) et l’accent mis sur les classements hebdomadaires avec ses amis. Bubble Bunny se joue d’une manière assez proche de Puzzle Bobble avec une plus grande prise en compte de la physique, puisque les bulles sont placées sur des pièces qui pivotent en fonction des changements du centre de gravité à mesure que certaines bulles disparaissent. Le gameplay est nerveux et bien calibré même si les parties ont tendance à se ressembler. Graphiquement le jeu est loin de la subtilité et de la sensibilité de Treasure City mais fonctionne pour ce type de jeu.
Jouer à Bubble Bunny.
IsCool Entertainment (anciennement Weka Entertainment), surtout connu pour son jeu phare IsCool, dispose d’un autre titre à succès : Belote Multijoueur (110 000 DAU). Pas de grosse surprise, le jeu propose effectivement de jouer à la belote à plusieurs, mais la réalisation est de haute volée : interface soignée et bon goût, match-making efficace, chat durant les parties, vote pour éjecter les joueurs inactifs et replacement à la volée de ces derniers par des bots… Ou comment adapter un jeu de cartes à Facebook de manière intelligente.
Jouer à Belote Multijoueur.
Les Monsteurs (50 000 DAU) de Picaboum, petit développeur basé près de Lyon, propose un concept très proche de celui d’IsCool. Le principe est identique : collectionner des cartes classées par thème. Des activités annexes comme des quiz ou jeu du pendu permettent de gagner plus de points. Pour se distinguer de la concurrence, le jeu a opté pour des personnages en pâte à modeler (plutôt réussis) et des noms à base de calembours dignes des Crados. L’aspect communautaire, primordial pour ce type de jeu, n’a pas été oublié avec Monsteurs Troc, une application dédiée à l’échange de cartes.
Jouer aux Monsteurs.
Prizee est un nouveau venu sur Facebook mais n’en est pas à son galop d’essai. La société, basée à Clermont-Ferrand, existe depuis 2000 et se concentrait jusqu’à présent sur son site web Prizee.com et sa quarantaine de jeux. Montée en puissance du jeu sur Facebook oblige, la société propose à présent deux titres sur Facebook dont le plus important est Inkazee (10 000 DAU). Le jeu est une variante de match-3 où le but est faire descendre un certain nombre de perles en bas du tableau en utilisant les bonus à bon escient. La réalisation est propre mais le jeu n’apporte pas grand chose au genre, surtout face aux poids lourds déjà présents sur Facebook. Comme sur Prizee.com, l’objectif ultime est l’accumulation de points qui permettront l’obtention de cadeaux « réels ».
Jouer à Inkazee.
Tout comme Prizee, Royal Cactus est nouveau sur Facebook mais a plusieurs années d’expérience avec leur site web Royalcactus.com où comme chez Prizee on peut aussi échanger ses points contre des cadeaux. Dans la foulée de leur récente levée de fonds de 500 000 euros, leur premier jeu sur Facebook, Star Pearl, est à présent disponible. Le jeu est basé sur le concept de Zuma/Puzz Loop où le but est d’assembler des boules en chaînes de couleur identique pour les faire disparaître. L’animation d’introduction vaut le détour à elle seule, même si les graphismes du jeu en lui-même sont plus classiques.
Jouer à Star Pearl.
Quelques lignes sur Kartoon pour finir, un jeu de course de karts à la sauce rurale par un jeune studio, Kadank Games. Le jeu vaut le coup d’oeil pour sa réalisation soignée en 3D grâce au recours au plug-in Unity malgré des décors un peu vides, mais malheureusement le nombre de joueurs est modeste à l’heure actuelle avec une centaine de DAU. La concurrence frontale avec le vétéran KartRider, également fraîchement débarqué sur Facebook (jouable ici), y est peut être pour quelque chose, comme l’impossibilité apparente d’affronter des joueurs réels. Le jeu est tout récent et semble évoluer rapidement, donc espérons que les statistiques iront en s’améliorant.
Jouer à Kartoon.
Je terminerai sur une note plus sombre : les jeux dont j’avais dressé la liste l’an dernier ont depuis perdu plus de 1 million de DAU (environ 2 000 000 de DAU à eux tous en juin 2011, 820 000 aujourd’hui), et cette perte n’a probablement pas été compensée par les nouvelles sorties des studios concernés, puisque les jeux que j’évoque aujourd’hui et qui représentent le gros des nouveautés ne totalisent qu’environ 300 000 DAU. La seule société à tirer son épingle du jeu est Kobojo, grâce à la version arabe de PyramidVille, مدينة الأهرامات, qui compte maintenant près de 500 000 DAU et qui en fait donc le plus gros jeu de la société. Alors certes, ma méthode n’est absolument pas scientifique mais cela donne une idée de l’évolution du marché ces 12 derniers mois. Plus que jamais, le gros problème sur Facebook est la difficulté pour un utilisateur de découvrir des nouveaux jeux, ce qui limite énormément le renouvellement de l’audience des applications et favorise les structures les plus importantes type Zynga. Un des objectifs du futur App Center de Facebook est de remédier à cela, espérons qu’il y parvienne.