16 Couleurs

16 Couleurs – graphisme & jeu vidéo


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Les jeux de studios français sur Facebook (3)

Je viens de prendre conscience que mes deux derniers billets sur le sujet remonte à un an ou plus (première partie, deuxième partie). Alors voilà, un nouveau tour de table des jeux Facebook réalisés par des studios français s’impose. Comme auparavant, l’idée est d’établir une liste parfaitement subjective de jeux récents qui ont retenu mon attention, généralement avec un nombre de joueurs conséquent, mais pas forcément. Le nombre de DAU sont tels qu’estimés par AppData le 2 juin 2012.

Atlantis Fantasy

Commençons par Kobojo, qui confirme sa position de studio français le plus actif sur Facebook, puisque la société a lancé deux gros titres depuis l’été dernier. Les mécanismes du premier, Atlantis Fantasy (110 000 DAU), ne sont pas sans rappeler PyramidVille, mais en version sous-marine, puisque la ville à développer pas à pas est cette fois à la sauce Atlante. Graphiquement le jeu n’a rien a voir avec son prédécesseur et le saut qualitatif est impressionnant. Atlantis Fantasy est sans conteste un des jeux les plus léchés visuellement sur Facebook (peut-être grâce a la collaboration avec Ouat Entertainment, un studio plus ancien basé à Angoulême), et se paie aussi le luxe d’être l’un des jeux Flash les plus fluides que j’ai pu essayer.
Jouer à Atlantis Fantasy.

Smooty Tales

Un nouveau jeu de Kobojo est disponible depuis peu : Smooty Tales. Ici le but est de prendre un charge une petite bestiole velue en lui construisant un sanctuaire qui saura répondre à tous ses besoins. Comme pour un Tamagotchi, il faudra en prendre soin régulièrement, comme dans The Sims Social, les relations avec les voisins doivent être entretenues. On retrouve également le système de skills qui débloque des nouvelles actions ou objets. Là encore, le jeu impressionne par ses graphismes dont les détails et la finition sont de très haut niveau. Le jeu est si récent qu’il n’a pas été encore annoncé officiellement et les statistiques ne sont toujours pas disponibles sur AppData à l’heure actuelle.
Jouer à Smooty Tales.

Treasure City

Treasure City par Ooblada (anciennement Zslide) est la suite spirituelle de Treasure Madness, leur grand succès lancé en 2009. Là aussi, le principe est d’explorer des séries d’îles flottantes pour y localiser les trésors enfouis au hasard du décor. Le jeu est plus mignon graphiquement que Treasure Madness, avec des petits personnages très attachants et des palettes de couleurs choisies avec soin. Autre changement, les mini-jeux ont laissé leur place à des exercices d’entraînement cérébral de type Kawashima. Leur niveau est malheureusement très modeste (rater un exercice semble rarissime pour tout adulte normalement constitué) ce qui rend la gymnastique intellectuelle toute relative. Peut-être est-ce la raison pour laquelle le jeu semble peiner à trouver son public (2000 DAU à l’heure actuelle, contre toujours 90 000 pour son prédécesseur). Dommage, parce que visuellement le jeu est une franche réussite.
Jouer à Treasure City

Bubble Bunny

Avec Bubble Bunny (20 000 DAU), sorti plus récemment, Ooblada s’essaye à un autre type de jeu : le skill gaming façon Bejeweled Blitz ou Diamond Dash, caractérisé par un principe de jeu simple mais fignolé aux petits oignons, des parties au temps très limité (de 1 à 3 minutes) et l’accent mis sur les classements hebdomadaires avec ses amis. Bubble Bunny se joue d’une manière assez proche de Puzzle Bobble avec une plus grande prise en compte de la physique, puisque les bulles sont placées sur des pièces qui pivotent en fonction des changements du centre de gravité à mesure que certaines bulles disparaissent. Le gameplay est nerveux et bien calibré même si les parties ont tendance à se ressembler. Graphiquement le jeu est loin de la subtilité et de la sensibilité de Treasure City mais fonctionne pour ce type de jeu.
Jouer à Bubble Bunny.

Belote Multijoueurs

IsCool Entertainment (anciennement Weka Entertainment), surtout connu pour son jeu phare IsCool, dispose d’un autre titre à succès : Belote Multijoueur (110 000 DAU). Pas de grosse surprise, le jeu propose effectivement de jouer à la belote à plusieurs, mais la réalisation est de haute volée : interface soignée et bon goût, match-making efficace, chat durant les parties, vote pour éjecter les joueurs inactifs et replacement à la volée de ces derniers par des bots… Ou comment adapter un jeu de cartes à Facebook de manière intelligente.
Jouer à Belote Multijoueur. 

Les Monsteurs

Les Monsteurs (50 000 DAU) de Picaboum, petit développeur basé près de Lyon, propose un concept très proche de celui d’IsCool. Le principe est identique : collectionner des cartes classées par thème. Des activités annexes comme des quiz ou jeu du pendu permettent de gagner plus de points. Pour se distinguer de la concurrence, le jeu a opté pour des personnages en pâte à modeler (plutôt réussis) et des noms à base de calembours dignes des Crados. L’aspect communautaire, primordial pour ce type de jeu, n’a pas été oublié avec Monsteurs Troc, une application dédiée à l’échange de cartes.
Jouer aux Monsteurs.

Inkazee

Prizee est un nouveau venu sur Facebook mais n’en est pas à son galop d’essai. La société, basée à Clermont-Ferrand, existe depuis 2000 et se concentrait jusqu’à présent sur son site web Prizee.com et sa quarantaine de jeux. Montée en puissance du jeu sur Facebook oblige, la société propose à présent deux titres sur Facebook dont le plus important est Inkazee (10 000 DAU). Le jeu est une variante de match-3 où le but est faire descendre un certain nombre de perles en bas du tableau en utilisant les bonus à bon escient. La réalisation est propre mais le jeu n’apporte pas grand chose au genre, surtout face aux poids lourds déjà présents sur Facebook. Comme sur Prizee.com, l’objectif ultime est l’accumulation de points qui permettront l’obtention de cadeaux « réels ».
Jouer à Inkazee.

Star Pearl

Tout comme Prizee, Royal Cactus est nouveau sur Facebook mais a plusieurs années d’expérience avec leur site web Royalcactus.com où comme chez Prizee on peut aussi échanger ses points contre des cadeaux. Dans la foulée de leur récente levée de fonds de 500 000 euros, leur premier jeu sur Facebook, Star Pearl, est à présent disponible. Le jeu est basé sur le concept de Zuma/Puzz Loop où le but est d’assembler des boules en chaînes de couleur identique pour les faire disparaître. L’animation d’introduction vaut le détour à elle seule, même si les graphismes du jeu en lui-même sont plus classiques.
Jouer à Star Pearl.

Kartoon

Quelques lignes sur Kartoon pour finir, un jeu de course de karts à la sauce rurale par un jeune studio, Kadank Games. Le jeu vaut le coup d’oeil pour sa réalisation soignée en 3D grâce au recours au plug-in Unity malgré des décors un peu vides, mais malheureusement le nombre de joueurs est modeste à l’heure actuelle avec une centaine de DAU. La concurrence frontale avec le vétéran KartRider, également fraîchement débarqué sur Facebook (jouable ici), y est peut être pour quelque chose, comme l’impossibilité apparente d’affronter des joueurs réels. Le jeu est tout récent et semble évoluer rapidement, donc espérons que les statistiques iront en s’améliorant.
Jouer à Kartoon.

Je terminerai sur une note plus sombre : les jeux dont j’avais dressé la liste l’an dernier ont depuis perdu plus de 1 million de DAU (environ 2 000 000 de DAU à eux tous en juin 2011, 820 000 aujourd’hui), et cette perte n’a probablement pas été compensée par les nouvelles sorties des studios concernés, puisque les jeux que j’évoque aujourd’hui et qui représentent le gros des nouveautés  ne totalisent qu’environ 300 000 DAU. La seule société à tirer son épingle du jeu est Kobojo, grâce à la version arabe de PyramidVille, مدينة الأهرامات, qui compte maintenant près de 500 000 DAU et qui en fait donc le plus gros jeu de la société. Alors certes, ma méthode n’est absolument pas scientifique mais cela donne une idée de l’évolution du marché ces 12 derniers mois. Plus que jamais, le gros problème sur Facebook est la difficulté pour un utilisateur de découvrir des nouveaux jeux, ce qui limite énormément le renouvellement de l’audience des applications et favorise les structures les plus importantes type Zynga. Un des objectifs du futur App Center de Facebook est de remédier à cela, espérons qu’il y parvienne.

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Les jeux de studios français sur Facebook (1)

Même si les développeurs français ont longtemps été timorés vis à vis de Facebook, on commence à y voir apparaître des jeux intéressants en provenance de l’Hexagone. Voici une courte présentation de ceux qui me paraissent les plus notables, en commençant par les plus populaires :

Treasure Madness de zSlide (environ 225 000 DAU actuellement selon DeveloperAnalytics) est probablement le jeu le plus connu du lot. Preuve de son succès, son concept  de chasse au trésor sur des îles tropicales a été rapidement « emprunté » par Zynga pour Treasure Isle, ce qui a très probablement causé du tort au jeu de zSlide. Un atout important par rapport au jeu de Zynga est la présence de mini-jeux qui ponctuent l’exploration des différentes cartes et permettent de varier les plaisirs.

Treasure Isle

Treasure Madness de zSlide

My Shops de Pretty Simple (258 000 DAU) est aussi un cas intéressant. J’avoue l’avoir sous-estimé au début à cause de ses faux airs de Restaurant City (vue extérieure) qui pouvaient laisser supposer que le jeu en était très proche. En pratique, le concept – la gestion des stocks – est radicalement différent, les mécanismes du gameplay sont vraiment bien conçus et le jeu fourmille de petits détails qui prouvent qu’il a été développé avec soin. On se prend donc au jeu très facilement.

My Shops

My Shops de Pretty Simple

Totally Spies! Fashion Agent de Ouat Entertainment (126 000 DAU) semble assez complet puisqu’il mêle missions (dont le concept est assez proche d’un Treasure Madness en fait), décoration d’intérieur et customisation d’avatar. Ce constat effectué, je dois avouer que je n’ai pas progressé très loin, ne faisant pas vraiment partie du coeur de cible de la licence 😉

Totally Spies! Fashion Agents

Totally Spies! Fashion Agents de Ouat Entertainment

J’enchaîne avec quelques jeux moins connus mais qui mérite largement le détour :

Quiz Tower de Gerwin Software est un quiz avec un habillage de jeu télévisé un peu déjanté et du funk en fond sonore. Le jeu est très solide visuellement grâce à une bonne utilisation des capacités actuelles de Flash en 3d (qui vont bientôt radicalement changer) et les parties suivent un tempo parfaitement maîtrisé qui fait monter la pression au fur et à mesure qu’on progresse dans la compétition. Gerwin a travaillé sur d’autres quiz auparavant avec le support de producteurs des jeux télévisés, et leur expertise dans le domaine se fait clairement sentir. Seul regret, difficile de savoir dans quelle mesure l’aspect multijoueur est réel ou simulé : par exemple, les réponses du public sont-elles basées sur celles des joueurs précédents ou sont-elles tout simplement aléatoires ?

Quiz Tower

Quiz Tower de Gerwin Software

RocketBird de BeTomorrow est un portage du jeu éponyme sur iPhone et iPad. Là aussi très propre techniquement, le jeu a un style graphique qui colle parfaitement au thème et des musiques bien péchues, chose extrêmement rare sur Facebook. L’idée de départ, éviter les obstacles le plus longtemps possible, est simple mais la réalisation aux petits oignons la rend réellement prenante. Malheureusement je pense que l’aspect social peu développé a dû limiter la diffusion virale du jeu (les premières versions ne permettaient pas d’inviter un ami, par exemple) alors que le concept est à la base très compétitif. Bonne nouvelle, le développement du jeu continue, avec apparemment une grosse mise à jour imminente.

RocketBird

RocketBird de BeTomorrow

Galamon de Morphée Interactive est très abouti visuellement avec ses personnages délirants et ses couleurs bien choisies. Le jeu est basé sur des combats à la sauce JRPG (avec pas mal de stats, donc) et probablement trop hardcore pour la grosse majorité des joueurs sur Facebook… la progression en particulier n’est pas toujours évidente et je me retrouve bloqué par certaines planètes sans trop savoir comment améliorer mon équipe.

Galamon

Galamon de Morphée Interactive

Voilà pour ce rapide tour d’horizon très subjectif… Je remarque que contrairement aux jeux vidéos « traditionnels » dont le développement est très concentré autour de Paris (et Lyon, dans une moindre mesure) la production de social games semble mieux répartie sur le territoire : si zSlide et Pretty Simple sont basés en Île-de-France, Ouat Entertainment est à Angoulême, Gerwin Software à Aix en Provence, BeTomorrow à Bordeaux et Morphée Interactive à Nîmes. Les budgets et la taille des équipes, plus réduits que pour les jeux consoles, expliquent peut-être cela, mais espérons que cette relative décentralisation perdure 🙂

Lire la deuxième partie.