J’avais parlé il y a quelque temps de création d’images en pixel art pour le ZX Spectrum. Restons dans le même état d’esprit aujourd’hui avec la série d’ordinateurs 8 bit de Thomson, dont les plus célèbres sont le MO5 et le TO8. Pour de nombreux trentenaires français (moi y compris), ces machines représentent le premier contact avec l’informatique, et dans la plupart des cas les séquelles ont été somme toute limitées 🙂
Graphiquement les Thomson ont des caractéristiques techniques comprises entre « correctes » (MO5-MO6) et « franchement bonnes » (TO8-TO9)… pour des machines 8 bit bien entendu ! Plusieurs modes graphiques sont supportés, mais le plus commun est le très classique 320 x 200 en 16 couleurs, avec néanmoins une petite contrainte pour rajouter un peu de piment : chaque bloc de 8 x 1 pixel ne peut comporter que 2 couleurs (gare au color clash autrement). Le MO5 ne supporte qu’une palette fixe aux couleurs pas franchement bien choisies (voir l’image ci-dessous), mais les 16 couleurs sur TO8 et TO9 sont à choisir parmi 4096, soit une gamme aussi étendue que sur Atari STE ! On trouve également sur TO8 un mode graphique 160 x 200 en 16 couleurs, sans aucune contrainte de bloc.

Voilà pour la partie théorique. En pratique, deux solutions sont envisageables pour réaliser des graphismes pour Thomson à l’heure actuelle. On peut soit utiliser un émulateur avec un logiciel natif comme Colorpaint ou Graffiti, mais la prise en main est à des années lumières d’outils sur d’autres machines comme Deluxe Paint, pourtant à peine plus récent. Une solution moins stressante est d’avoir recours au très polyvalent Grafx2 (évoqué ici auparavant), qui tourne sur une tripotée d’OS différents. Voici la marche à suivre :

Création de la palette : pour le MO5, il suffit d’importer la palette d’origine et de se limiter aux 16 couleurs fournies. Pour le TO8, il faut régler la profondeur des couleurs sur 16 (le nombre de niveaux pour chaque composante R, G et B, soit 4096 permutations) avant de choisir ses 16 couleurs. Dans Grafx2, c’est avec RGB Scale que ça se passe, accessible avec un clic droit sur le bouton PAL. Il faut ensuite s’assurer que ces couleurs soient bien compatibles avec la palette du TO8, un peu particulière, et c’est avec TGA2Teo que ça se passe.

Réglage de la grille : elle permettra de garder les contraintes de bloc à l’esprit. Effectuer un clic droit sur le bouton FX, puis un clic droit sur Grid. Utiliser X = 8 et Y = 200, décocher « Snap » et cocher « Show ». Tout est maintenant en place pour commencer à dessiner, mais attention : pas plus de 2 couleurs par bloc de 8 pixels, sinon ça va coincer.

Contrôle du color clash : à moins d’être un robot, il y aura forcément des erreurs ici et là, mais Pulkomandy (qui est également l’auteur de la version actuelle de Grafx2) a eu la gentillesse de créer un script qui permet de détecter automatiquement les problèmes de color clash. Merci à lui puisque ça permet d’économiser pas mal de temps.
Le script affiche les erreurs sur le deuxième calque qui devra avoir été créé auparavant en cliquant sur le bouton « + » juste en dessous de la barre d’outil. Choisir ensuite une couleur 17 bien flashy puisqu’elle servira à afficher les erreurs. Pour lancer le script, effectuer un clic droit sur le bouton « FX encadré » (Brush effects), puis sur le script ThomsonConstraints.lua.

Pour rendre les erreurs plus visibles, on peut aussi avoir recours à une petite rotation de palette avec la manipulation suivante : effectuer un clic droit sur Grad Menu, sélectionner les couleurs 17 et 18, puis choisir une vitesse assez élevée, comme 50. Lancer la rotation de palette avec Ctrl+` ou ² (la touche au dessus de tabulation, à gauche du 1).

Tu le vois là, mon color clash ?
Voici mes premières réalisations pour Thomson. La première image utilise la palette MO5 standard, la deuxième bénéficie quant à elle d’une palette libre grâce à la puissance du TO8. La version MO5 est utilisée dans une démo Thomson visible avec l’émulateur DCMOTO. Si vous souhaitez en savoir plus sur la demoscene Thomson, il est relativement rapide d’avoir une vue d’ensemble du phénomène, puisque Pouët.net ne recense que 28 productions.

Poiscaïe (version MO5)

Poiscaïe (version TO8)
Mise à jour du 23 mai 2014 :
Ci-dessous un exemple d’une très bonne image Thomson de Johan Elebrink qui prend en compte les contraintes de blocs de manière élégante, puisqu’on ne les remarque pas du tout ! Sur la deuxième image j’ai surimposé des colonnes de 8 pixels qui permettent de mieux apprécier l’excellent boulot de l’auteur puisqu’il n’y jamais plus de 2 couleurs dans un bloc de 8×1 pixel.
Brink – The Druid
Brink – The Druid (avec les blocs de 8×1)